Stage de Rémy Limagne, à Montrond-le-Château, du 6 au 13 juillet 2024
Veille : Samedi 6 juillet – Arrivée à Montrond
D’une certaine façon, je peux dire que le stage a commencé dès la veille, pour moi, ayant partagé le trajet avec Denis. C’était particulièrement intéressant et instructif ! J’espère ne pas l’avoir trop
assailli de questions 🙂 !
Ayant hâte de commencer à travailler, nous prenons un moment avec Ece, avant le dîner, pour
retravailler certains nœuds. Lucas nous rejoint et nous donne quelques conseils.
Jour 1 : Dimanche 7 juillet – Les Cavottes (Diane, Lydie, Ece, Hélène, Catherine, Gaëlle, Grégoire, Lila, Olivier) Pour ce premier jour, nous allons aux Cavottes ! J’équipe la main courante à la sortie de la diaclase, sous le regard bienveillant et les conseils de Grégoire puis la voie la plus à droite du P7 tandis qu’Hélène s’occupe de celle de gauche et Ece celle de gauche, la plus en hauteur.
La faim se faisant sentir nous déjeunons à la Salle des Dunes puis continuons la progression vers la Salle Ex-terminale.

Objectif : trouver le nain de jardin ! Nous avons de bonnes lampes mais cela ne suffit pas et ce n’est vraiment qu’à la toute fin de notre balade et avec un petit coup de pouce de Grégoire que nous arrivons enfin à l’apercevoir… Perché, tout là-haut ! Bon, en même temps, nous étions un peu gazés… Cela a certainement joué 🙂 !

Cétait également la première fois que je pouvais observer des sangsues :
dans le filet d’eau, au milieu des cailloux ; remontant les parois ; sortant des petites anfractuosités de la roche ! Etonnant !
Il est temps de rebrousser chemin et de déséquiper. Nous échangeons nos voies pour travailler un autre parcours et petite surprise de la fin : nous avons droit d’emprunter la tyrolienne ! Grégoire nous sécurise avec une corde annexe et c’est parti !
Dernier challenge de la journée, proposé par Lila : retrouver le chemin de la sortie, à partir de la Salle du Chaos, sans aide des encadrants. Nous nous en sortons pas mal et grâce à la très bonne mémoire d’Hélène, prenons immédiatement la bonne bifurcation.

Jour 2 : Lundi 8 juillet – La grande doline et les Ordons (Lydie, Diane et Olivier)
Matin : La grande doline du sentier karstique
Je choisis d’équiper la voie la plus à droite : amarrages naturels et succession de fractios. Afin de travailler d’autres points techniques, je place une dév courte et un raboutage de corde à quelques mètres au-dessus du sol.
Lydie, de son côté, prend la voie la plus à gauche et travaille les vires. Nous inverserons nos voies, après le déjeuner, pour le déséquipement.
Après-midi : Les Ordons
J’équipe les Ordons, en faisant bien attention de réaliser une tête de puits haute pour faciliter la sortie. Pas de difficulté particulière. Ayant pris 2 cordes, je réalise une jonction, pendant la vire (méthode des deux noeuds de huit).
Nous accompagnons Olivier tout au fond de la cavité, avec le bidon de 5L d’eau. Il a pour mission d’effacer les tags de boue, réalisés quelques temps auparavant, sur la paroi, par de jeunes indisciplinés. Avec un peu d’eau, une bonne brosse et de l’huile de coude, ça part bien !
Lydie profite de sa première fois aux Ordons ! Elle admire les grands volumes, le nombre impressionnant de concrétions et leur beauté. Olivier attire notre attention sur l’ancienneté de ces formations et les gros blocs tombés au sol lors, probablement, de secousses passées.
Bien sûr, nous ne pouvons pas repartir sans essayer de prendre quelques clichés de ce lieu magique.
Jour 3 : Mardi 9 juillet – Ouzene Inf (Lydie, Diane, Philippe)
Nous nous équipons joyeusement à la voiture, rions malicieusement de la petite blague que s’apprête à faire Pierre à ses stagiaires et nous apprêtons à y aller… Mais ! Un A/R au gîte s’impose : un casque manque à l’appel ! Heureusement que nous ne sommes pas très loin.
Lydie commence l’équipement. Elle se chargera du P15 et de la deuxième partie du P28. Je prendrai le relais devant le P18. Lorsque vient mon tour, je demande à Philippe de me montrer différentes manières de tresser une tête de puits sur les broches, directement avec la corde. J’en retiens deux : le noeud de chaise double tressé et le combo noeud de huit d’un côté et demi-pêcheur de l’autre (en butée).
Philippe m’encourage également à me rapprocher du vide pour anticiper la suite du parcours et à évoluer plus en tension sur mes longes afin de mieux apprivoiser le vide, lors de l’équipement, et moins me fatiguer.

Arrivés les premiers tout en bas, nous passons l’étroiture et visitons la galerie inférieure. Pierre et son équipe nous retrouvent ensuite pour le déjeuner.
Vient le temps du déséquipement. Lydie se charge de la première partie et moi, de la deuxième. Le recours à l’utilisation de la dyneema et aux amarrages naturels lui donnent du fil à retordre… Elle voit même des « vaches », c’est pour dire ! Mais en terme d’équipement, c’est intéressant : nous voyons ainsi l’utilisation d’une dyneema (suffisamment grande) utilisée en double, sur un amarrage naturel jugé irréprochable.
Avant le dernier tronçon, Philippe me passe son Tibloc pour que je puisse le tester. L’utilisation en est simple et je remonte, sans difficulté, avec.
A la sortie du dernier puits, Philippe simule un malaise et me demande de le secourir 🙂 Je le dépasse, installe un petit balancier et le hisse pour le mettre en sécurité, sur la terre ferme. Intéressant de pratiquer ce type d’exercice en milieu naturel, avec toutes les contraintes qui y sont inhérentes.
Jour 4 : Mercredi 10 juillet – Jérusalem (Lydie, Diane, Philippe)
C’est avec joie que nous retrouvons Philippe pour une nouvelle journée de formation !
Le gazage (Les Cavottes, La Baume des Crêtes, le Gouffre de Naud) et les pluies très fréquentes rendent délicat l’accès à plusieurs cavités du secteur. L’objectif du jour sera donc d’équiper les différentes voies du porche de Jérusalem sans pour autant pénétrer dans la cavité dont le niveau d’eau est trop élevé ce jour-là.
Philippe commence par nous transmettre quelques notions de karstologie et notamment la différence entre doline d’effondrement et doline dissymétrique de dissolution. Le grand jeu de la journée sera donc de repérer les dolines sur le trajet aller puis retour (en voiture, bien sûr) et de déterminer à quelle catégorie elles appartiennent.
Lydie démarre la voie la plus à gauche, en hauteur. Je commence celle juste en dessous d’elle, à gauche également. Pas de difficulté majeure, je travaille avec les spits disponibles. J’aurais aimé pouvoir m’éloigner un peu plus de la cascade mais je ne vois aucun amarrage me permettant de le faire. Je descends donc assez rapidement dans l’entrée de Jérusalem.
Je prends ensuite la suite de la voie de Lydie et m’occupe de la vire. Philippe me taquine et me pousse à aller chercher les points d’amarrage un peu plus loin et un peu plus haut pour équiper au maximum en hors cru.
Au moment de descendre, je suis contente de mon équipement mais entends pester Philippe 🙂 Que se passe-t-il donc ? Tout a l’air bon, je commence à descendre et… me rends compte que la corde ne touche pas le sol ! J’avais pris deux cordes pour travailler une autre façon de les rabouter. Je remonte, préférant travailler la jonction au niveau de la tête de puits. Cette fois, ce sera un huit double sur la corde précédente passé dans une des deux oreilles de la tête de puits (réalisée avec la nouvelle corde). Je m’applique ensuite à faire une petite poupée avec les quelques mètres de corde qui restent, après le double huit (en gardant bien le demi-pêcheur). Et voilà, maintenant, tout est vraiment ok, nous pouvons y aller ! Philippe est satisfait, il n’y aura pas de passage de noeud !
Nous ne restons que quelques minutes en bas et regagnons la sortie pour le déjeuner. Lydie installe ensuite la voie de droite et apprend à nouer la dyneema, en double, sur un point d’amarrage naturel irréprochable.
En bas, Philippe nous fait travailler avec une poulie pour aider une personne à remonter puis nous montre le prussik, avec une petite cordelette, en cas de perte de la poignée. Encore une fois, j’apprécie de travailler ces méthodes en conditions réelles, en cavité.
La séance d’exercices se poursuit par un sauvetage de Philippe (décrochage vers le bas, avec pédale crollée). Le fait, encore une fois, d’être sous terre, pour réaliser cette technique apporte beaucoup à l’exercice. Ne serait-ce que par la gestion des parois lors de la descente, le bruit généré par la cascade à côté qui rend plus difficile la communication, le stress de ne pas être prêt lorsque cela se produit (pantin non positionné, etc.)… Merci de t’être prêté au jeu Philippe !
La journée se termine par le déséquipement des différentes voies.
Jour 5 : Jeudi 11 juillet – La Légarde (Lydie, Diane, Philippe)
Contre toute attente, Philippe sera de nouveau des nôtres pour La Légarde ! Top !
Objectif du jour : équiper jusqu’à la trémie (-130).

Je commence l’équipement. Je m’occupe du P28, du P9 et du tout dernier P10. Lydie enchaîne le P30 et le P42.
Sur un amarrage naturel irréprochable, je teste l’utilisation de la dyneema, en double. Philippe me montre également le recours au pêcheur double pour rabouter deux cordes, sur main courante, qui ne seront pas en tension. Une possibilité de plus !
Nous déjeunons au niveau de la trémie, après avoir admiré les jolies concrétions présentes à cet endroit.
Contrairement aux jours précédents, l’humidité et le froid commencent à nous gagner. C’est donc avec bonheur que nous acceptons un grand verre d’eau chaude 🙂
Philippe en profite également pour nous montrer la composition de son bidon de secours !
Pour le déséquipement, nous inversons les rôles. Lydie déséquipe le P10, et je prends la suite pour les deux grands puits. Elle s’occupera ensuite des P9 et P28.
Les moustiques, affamés, nous attendent à la sortie. Pas de répit pour nous… Nous finissons de déséquiper rapidement et nous échappons !

Jour 6 : Vendredi 12 juillet – Les Biefs (Lydie, Diane, Seb)
Pour le dernier jour, nous avons la joie d’être accompagnées par Sébastien, aux Biefs Boussets. L’idée est de travailler le hors cru en équipant la vire sous plafond.

Lydie commence l’équipement, pose son premier AS au plafond et nous emmène jusqu’au début de la vire. Sébastien sort alors perfo et marteau et nous montre comment réaliser un amarrage foré ! C’est notre tout premier ! Je retiens, commencer bien perpendiculaire à la paroi et, une fois que la mèche est bien stable, donner l’orientation souhaitée.
Je suis étonnée par la différence flagrante de résonance de la pierre en fonction des endroits testés. En fait, c’est plutôt rassurant d’entendre une si nette variation.
Je m’occupe ensuite de l’équipement de la vire sous plafond. C’est un excellent exercice pour travailler sur spits et améliorer son positionnement lors de la progression pendant l’équipement.
La construction géologique des Biefs étant particulièrement belle, Sébastien prend le temps de nous montrer quelques formations remarquables, comme cf photo ci-jointe, la charnière synclinale. Cela donne envie d’affiner son regard pour mieux décrypter les structures géologiques.
Il profite également de cette sortie pour nous donner quelques conseils en prise de photos souterraines. A savoir notamment, comment placer l’éclairage pour réussir un beau contre-jour. Nous nous prêtons au jeu avec plaisir et sommes ravies de repartir avec de belles photos ! En échange, nous essayons quand même de lui offrir quelques beaux clichés souvenirs. Application directe de ses conseils 🙂 !
Le déséquipement se passe sans problème et nous repartons, sous un ciel noir et orageux, en direction du gîte, une pointe de tristesse dans le coeur… Ca y est, c’est déjà la fin !

Les soirées : Plusieurs soirées ont été proposées lors du stage, fort intéressantes. Au programme : questions techniques (notion d’amarrage irréprochable, noeuds), karstologie (formation des cavités et constructions géologiques de base), accidentologie/point chaud, chiroptères et jeux.
Je retiens de la soirée jeu, trois ateliers particulièrement intéressants :
- la conversion montée/descente, les yeux bandés ! Amusant de sentir ses autres sens, notamment le toucher, prendre une place prédominante.
- la comparaison entre différentes cordes : dynamique, semi-statique, dyneema, corde fine/ statique de 5mm etc. C’est plus parlant de les avoir toutes à disposition pour mieux évaluer leurs différences.
- l’atelier noeuds.
Ces ateliers ont, pour moi, été l’occasion d’échanger et d’apprendre auprès d’encadrants que je n’avais pas eu lors des sorties. C’était donc un plus non négligeable !
Enfin, le juste dosage entre durée des soirées, nécessité d’avoir du temps pour préparer la journée du lendemain et possibilité de se coucher tôt était appréciable !
Petit mot de la fin : Je suis ravie d’avoir pu suivre ce stage d’une semaine avec Rémy Limagne et son équipe. J’ai ainsi pu revoir certains points techniques, en apprendre d’autres, pratiquer en milieu souterrain des exercices de sauvetage/d’assistance ou de réchappe, découvrir des cavités encore inconnues pour moi, gagner en confiance vis-à-vis de la lecture des voies en cavité et bénéficier de nombreux conseils !
J’ai également apprécié la façon dont était gérés les binômes. En effet, passer une semaine avec Lydie était particulièrement enrichissant. Nous avions un rythme et des envies assez similaires ce qui, me semble-t-il, nous a porté et tiré vers le haut. J’ai adoré la dynamique que nous avions trouvée ensemble.
J’ai également beaucoup apprécié le dosage entre travail et moments de détente. Tout était fait pour que nous puissions apprendre dans la bienveillance et au rythme qui nous convenait, tout en passant une semaine dans une ambiance conviviale. Un grand merci donc pour l’organisation et à l’équipe encadrante.